La première des demandes [PV Coraline Daroc]

Ces temps-ci, les grands sujets de discussion des autres élèves étaient soit cette attaque de détraqueurs qui avait eu lieu dans l'enceinte de l'école, soit le bal d'Halloween, qui se rapprochait lentement.

Le deuxième sujet occupait également et malgré moi mes pensées. Ces six dernières années, je m'étais à peine présenté au bal, restant dans un coin, n'ayant invité aucune cavalière ou autre.

Mais cette année me semblait différente, et j'avais l'impression qu'il fallait que ma participation au bal soit comptée.

Aussi, je réfléchissais donc depuis quelques jours à quelle jeune demoiselle j'allais pouvoir inviter.

La tâche était assez complexe, la plupart ne me connaissait pas, étant donné que je restais dans l'ombre tel un vicieux serpent, et d'autres avaient peur de moi, ce qui en soit...n'était pas idiot, vu la scène à laquelle j'avais pris part sur le pont avec Jones et Aeris...

L'idée m'avait effleuré de l'inviter elle, mais je ne lui faisais plus confiance avec l'épisode du pont. De plus, le petit poussin irait sûrement se jeter dans les bras de ce grand méchant loup de Kingskade.

Non, il me fallait trouver quelqu'un d'autre.

Je ne voulais pas d'une première ou deuxième année, elles étaient trop écervelées et s'emoustillaient quand n'importe quel mâle leur adressait la parole.

J'avais donc orienté mon choix vers les demoiselles des années supérieures, et après quelques observations, j'avais enfin trouvé...

Coraline Daroc.

Cette jeune fille était la définition même de timidité.

Elle se faisait peu remarquer, mais n'en était pas moins studieuse, gentille et courageuse, aux dires de mes condisciples.

Elle était également la préfète de notre maison, ce qui reflétait sans aucun doute ses nombreuses qualités..

Elle était à mes yeux la parfaite cavalière.

Je m'étais donc en premier lieu rendu à la volière, et lui avait fait parvenir une invitation par le biais d'un hibou aussi noir que les cendres. Cette invitation la conviait à venir me rejoindre au sommet de la tour de l'horloge, dans la soirée.

Enfin..conviait...plutôt lui ordonnait, il faut l'avouer...j'avais du mal à m'exprimer sur un ton autre que froid, ou utiliser un autre temps que l'impératif lorsque je parlais à quelqu'un.

Ma figure paternelle, si l'on peut le designer comme ça, m'avait toujours presté de me montrer autoritaire, c'est ainsi que l'on obtenait ce que l'on voulait, à ses dires.

Ça m'était simplement resté.

C'était assez idiot de ma part d'envoyer un hibou comme ça, sans préavis. Je m'interrogeais même sur le fait qu'elle sache qui j'étais.

Nous ne nous connaissions pas vraiment, n'avions presque pas proféré de paroles à l'attention de l'autre...

J'étais un fantôme en soit.

De quoi renforcer cette idée de peur...

Enfin bref..

Je l'attendais donc, en haut de la fameuse tour, qui donnait une vue splendide sur tout le domaine de l'école et plus encore.

C'était la première fois que je demandais, que j'allais demander, à une demoiselle une telle chose. Ma première demande... J'en étais encore étonné moi même. Je ne me serais jamais au grand jamais dit et obligé à aller à ce bal accompagné. D'habitude, je me disais que les autres ne voudraient pas d'un cavalier si froid et distant, ce qui en soit, m'arrangeait pas mal.

Mais si cette demande allait bien avoir lieu, et que c'était la première, il fallait faire les choses comme il se devait. Raison pour laquelle j'avais choisi cette tour.

Jetant un coup d'oeil à ma montre, j'espérais seulement qu'elle daigne montrer son - appelons un chat, un chat - joli visage.

Je me promenais dans l'école, le nez dans mon livre, quand j'ai reçu la lettre de Jonathan. Le hibou m'ayant amener l'invitation était magnifique et gracieux.

Toute la journée, une question m'a trottiné dans la tête: Que me voulait Jonathan Black, la personne avec qui j'ai le moins communiquer de ma scolarité à Poudlard.

Même me concentrer pour travailler m'avait été impossible.

Je me dirige, actuellement vers la tour de l'horloge, lieu où il m'a donné rendez-vous.
Pas un nuage ne couvre le magnifique ciel. Je regarde le soleil couchant et monte tout en haut de la tour.

J'arrive pile à l'heure et cherche du regards mon camarade de Serpentard.
Quand je le vois, je m'approche doucement de lui. Sa prestance m'a toujours impressionné. Je pense que, intérieurement, je l'ai toujours admiré.

Je m'arrête à côté de lui et regarde la magnifique vue qu'offre le haut de la tour.
Je retourne ensuite mon attention vers Jonathan.

-Bonsoir...

À l'instant même où je relevais les yeux de ma montre une énième fois, je vis Coraline s'approcher, apparemment elle était très ponctuelle !

Je l'analysa, la détailla du regard un instant, observant tout ses traits, et essayant de déceler la moindre émotion.

Visiblement, elle était préoccupée, sûrement par mon invitation ; qui ne l'aurais pas été, en recevant une lettre d'un élève que l'on côtoyait peu.

Mais elle était venu, ce qui fit naître un léger sourire aux coins de mes lèvres.

Le hibou noir - en réalité mon hibou - qui lui avait amené la lettre vint se placer gracieusement sur mon épaule, comme s'il était un fin conseiller.

Elle me salua et je fis de même, arborant un peu trop à mon goût le ton froid et sans émotions que j'utilisais tout le temps.

- Mh... Bonsoir... Merci d'être venue, tu dois sûrement te demander pourquoi je t'ai fait venir, mais d'abord, comment vas-tu ? Demandais-je poliment, plus par simple formule de courtoisie que par réel intérêt.

J'appréhendais la suite de la conversation, parler en général avec d'autres personnes, les côtoyer même, me sortait de mes habitudes, j'étais donc soucieux de comment allait se poursuivre cette rencontre, et si j'allais réellement savoir oublier ce que je faisais normalement.

Je stresse très légèrement. Le fait que je ne lui ai pas vraiment parler y joue beaucoup.

Je suis gênée par son regard perçant. Il m'analyse, se qui me fait déglutir silencieusement. Je porte mon regards vers le hibou, souriant discrètement.

Je triture mes doigts, me demandant se qu'il avait à me demander. J'avais pensé à une invitation au bal, mais qui voudrait être le cavalier d'une Serpentard très timide, discrète et à qui il n'a jamais parler?

Il est au moins poli, se qui est une qualité, de plus en plus rare, chez les garçons des nouvelles générations.
Je souris légèrement, continuant de me triturer les doigts.

-Je vais très bien... et toi...?

Je joue avec les plies de ma jupe, baissant légèrement la tête. Je le regarde ensuite dans les yeux, peu sûr de moi.

Je ne répondis pas à sa question, simplement parce que je ne savais pas quelle réponse donner. Qu'est ce que ça signifiait, aller bien ? Je n'en avais sérieusement aucune idée, je m'étais toujours dit que c'était simplement le fait qu'il n'y ai eu aucun événements négatifs nous influençant d'une quelconque manière.

Je continua de l'observer, essayant de la sonder, comme pour en apprendre le plus sur elle en quelques regards ; savoir si elle était dangereuse, avait des intentions hostiles, ou avait prévu un piège.

Je me méfia encore quelques instants avant de me raisonner. Je l'avais invitée à venir, elle n'aurait rien pu prévoir en si peu de temps, du moins rien de tenace. De plus, son innocence, sa bonté et sa gentillesse se lisait très facilement dans ses yeux bleus. Elle n'était définitivement pas une menace, pas en cet instant.

Je m'accorda alors, pour la première fois depuis un petit moment, le luxe de me détendre, de baisser mes barrières.

J'avais vu qu'elle avait souri à la vue du hibou. Je siffla presque inaudiblement, à l'attention de l'animal. Elle devait aimer celui-ci, je lui intima donc par ce sifflement d'aller se poser à ses côtés, ce qu'il fit.

Je reporta mon attention sur elle, elle jouait avec les plis de sa jupe, probablement par pur stress.

Lorsqu'elle releva la tête, je plongea mon regard bleu-gris dans ces deux perles bleues qu'étaient ses yeux.

- Avant tout, est-ce que tu as peur ? Où es-tu simplement stressée ? dis-je d'une voix qui se voulait rassurante.

Ne connaissant que très peu ces deux sensations, j'avais du mal à les différencier. J'espérais seulement que si c'était de la peur qu'elle éprouvait, elle n'était pas créée à cause de moi, auquel cas il serait difficile de mettre mon plan à exécution.

Voulant la détendre un peu, afin de l'aborder plus facilement, afin qu'elle se montre moins timide, je fis apparaître d'un discret mouvement de baguette - dans mon dos -, une rose rouge, que je lui tendis ensuite délicatement. J'avais vu plusieurs fois les garçons le faire quand il s'agissait d'aborder des jeunes filles. Ça devait être un signe de romantisme quelconque...

Je continue de jouer avec ma jupe. Ces yeux perçants feraient défaillir n'importe qui.

Je décide d'arrêter de jouer avec ma jupe et regarde le hibou venant de se poser à ces côtés. Délicatement, je caresse sa tête. Quelques instants plus tard, je replonge mes yeux dans ceux de Jonathan.

Sa question m'a un peu surprise. De la peur? Du stress? Tout cela se voyait sur mon visage? C'est à se demander se que je fais à Serpentard...

-Je suis simplement stresser on va dire... ton invitation m'a quelque peu surprise...

Je continue de le regarder dans les yeux. Il me tend alors une rose rouge, que je prend délicatement dans mes mains. Qui aurait cru que je recevrai quelque chose de la part d'un garçon. Un sourire, un peu plus grand que le précédant, naquit sur mes lèvres.

-Merci beaucoup...

Je mets la fleur contre moi, continuant de sourire légèrement.

Le sourire plus accentué qui vient remplacer l'autre me satisfait soudainement.

C'est une première, moi, satisfait par un simple sourire ?

J'aurais trouvé cela idiot dans une autre circonstance, mais venant d'elle, qui était si timide, c'était satisfaisant en tout point.

J'inclina légèrement la tête en retour de son remerciement, après avoir écouté ce qu'elle pensait.

Au moins je ne lui faisais pas peur. Du moins, pas directement.

Je décida d'arrêter de la faire attendre dans la méconnaissance plus longtemps et repris :

- Hum...je comprends oui, on se côtoie peu. Mais tu as au moins eu la décence et le courage de venir si l'on peut dire.

Je la regarda et continua sans lui laisser le temps de rajouter quelque chose.

- Mais je vais mettre fin à ton supplice et sûrement aux dizaines de petites questions qui comblent ton esprit. Si je t'ai invitée ici, c'est pour te demander formellement, si tu me ferais l'honneur de m'accompagner au bal d'Halloween.

Une fois les mots dits, je me fis la remarque que ce n'était finalement pas compliqué du tout, pas pu compliquer qu'une autre tâche en fait.

Je la regarda avec attention, guettant la moindre petite réaction, à l'affût du moindre geste.

Alors là, si je m'attendais à ça... j'y avais peut-être pensé quelques instants, mais je ne pensais pas que cela puisse être réel.

Je le regarde dans les yeux et semble soudainement un peu gênée. Je me reprend vite, sert la fleur un peu plus contre moi, et souris légèrement.

Pourquoi vouloir de moi comme cavalière, avec si peu de conversation à notre actif? Je ne lui demanderai pas... Je souffle légèrement.

-J'accepte volontiers de devenir ta cavalière pour le bal l'Halloween.

Je continue de sourire discrètement, malgré moi.

Je souris légèrement à mon tour, entièrement satisfait qu'elle ait accepté ma demande.

Cela se voyait qu'elle se demandait pourquoi je l'avais invitée.

- Merci beaucoup. Ensuite, si je te le demande, c'est que malgré les conversations peu nombreuses que nous avons échangées, je trouve que tu fait la parfaite cavalière. Tu es gentille, intelligente, jolie, que de très bonnes qualités en somme, dis-je sur un ton emprunt de vérité, tentant de clarifier les choses.

C'était vrai, elle faisait une cavalière plutôt remarquable, surtout parce qu'elle était intelligente, et ne glousserait pas bêtement comme la plupart des filles. Elle savait contenir sa joie, elle n'était pas d'une démonstrativité à en faire pâlir plus d'un. Elle était discrète, et simple, deux choses qui avaient attiré mon attention sur elle.

Je perdis un instant mon regard au loin, dans le paysage que l'on pouvait si bien admirer de cette tour, avant de retrouver retrouver ses yeux.

Je ne pensais pas qu'il pensais cela de moi. Autant de compliment en une seule phrase...
Je sens mes joues légèrement rougir contre mon gré.

Moi qui ne suit pas habituer à tout cela... en 7 années à Poudlard, cette année sera la première et dernière année où j'irai au bal l'Halloween. Toutes les filles de mon dortoir en parle avec excitation. Elles parlent de leur robes, de leur cavaliers.
Je n'avais jamais réfléchit à se que je loupais en n'y allant pas.

-Merci beaucoup... pour les compliments... et aussi pour ta proposition pour le bal...

Je souris toujours discrètement, le regardant dans les yeux.

J'inclina légèrement la tête, à nouveau pour saluer ses remerciements.

Étrangement, elle non plus ne semblait pas avoir été au bal. Du moins, de ce que je me rappelle, je ne l'y avais jamais vu non plus...

Je continua mon explication :

- J'ai conscience que l'on ne se connait pas, que ça peut te sembler très étrange même, surtout venant de moi, mais c'est aussi ta dernière année si je ne me trompe, alors autant en profiter.

Je ne voulais pas m'aventurer trop sur ce terrain, c'était assez bien parti, il ne fallait pas que je gâche cet instant avec une éternelle réplique froide et cruelle qui aurait pu arriver par inadvertance.

Elle souriait, un petit sourire discret mais qui reflétait assez ce qu'elle pensait, d'abord l'étonnement, puis le contentement, la joie.

Je l'observa encore un instant avant de soudainement me raidir.

Pourquoi maintenant....

J'avais peine à maîtriser l'arrivée de mes visions depuis toujours, c'était d'ailleurs la seule tâche dans laquelle j'avais du mal.

Je me figea, voyant des images sans rapports les unes des autres, s'enchaîner rapidement. Je n'essaya pas particulièrement de les mémoriser, mais la plupart était des actions faîtes par des élèves, dans l'enceinte du château.

Je tomba ensuite assis au sol, vidé de mes forces et tremblant légèrement.

C'était toujours comme ça après, sans savoir pourquoi exactement, j'étais épuisé, fatigué, et voyait un peu trouble. Mais je n'avais jamais mal. Où peut-être était-ce le cas, mais en tout cas je n'éprouvais aucune douleur, c'était assez paradoxal.

Le teint pâle et en sueur, je lança un petit regard à ma cavalière, qui devait probablement se demander quel genre d'oiseau elle avait en face d'elle.

Cette conversation m'avait distrait. D'habitude, je sentais une vision arriver et je m'isolais l'espace d'un instant, pour que personne ne me connaisse ce "don", ma faiblesse...

Moi qui ne voulait aucun faux-pas à me yeux....pour le coup c'était raté.

Ma dernière année ici... cette école me manquera beaucoup je pense.

Je souris doucement.

-Merci beaucoup d'avoir penser à moi alors...

Je regarde Jonathan dans les yeux. Son côté froid et distant m'a toujours impressionner, je dirai même que j'en suis admirative.

Je remarque, soudainement, que quelque chose ne va pas. Son teint devient blanc et il semble se raidir. Je fronce les sourcils, me demandant se qu'il se passe.
Lorsqu'il s'assoit au sol, je m'agenouille face à lui, le regardant dans les yeux.

Je pose la question que quiconque aurait poser à ma place. Il ne me répondrait peut-être pas, comme tout à l'heure, mais je fais se que je pense être normal.

-Ça va...?

Mon regard est toujours rivé dans le sien.

Je dû mettre un moment pour reprendre mes esprits, je me frotta les yeux et vis qu'elle me regardait toujours dans les yeux, ce qui me déstabilisait quelque peu.

Cette fois, j'avais compris que sa question concernait précisément mon état, je lui répondis donc :

- Je...o-oui, ça va...soufflais-je d'une voix faible et bégayante, ce qui normalement n'arrivait jamais.

J'étais toujours symbole d'assurance, je ne dévoilais jamais mon état, toujours étant méfiant de ce qu'il se passerait si je le faisais.

Le hibou qui était l'instant d'avant aux côtés de Coraline, était revenu sur mon épaule, et avait niché sa tête dans mon cou, de manière très affective.

Je le caressa et regarda ma cavalière, qui était en face de moi, agenouillée.

J'attendais qu'elle dise quelque chose, ne sachant pas vraiment comment aborder ce sujet..

Je reste agenouiller, face à mon cavalier, le regardant avec une légère inquiétude.

Je regarde son hibou se mettre sur son épaule et lui faire un câlin. Je souris doucement et reporte mon attention sur Jonathan.

Le voir dans cette état me fait penser, qu'au fond de cet être froid et distant, se trouve un simple cœur, une simple personne, cherchant à être comprise ou écouter.

Je pose ma main sur son épaule et lui fais un sourire rassurant.

-Je ne dirai à personne que je t'ai vu dans cet état... si cela t'inquiète. Et je ne te demanderai pas non plus pourquoi... je pense que si je dois le savoir, c'est à toi de me le dire... de ton plein gré...

Je continue de le regarder dans les yeux, la main toujours poser sur son épaule.

J'eus un léger mouvement de recul lorsque sa main se posa sur mon épaule, mais je me contenta de la fixer, au lieu d'hurler sur celle à qui appartenait cette main.

Ses paroles eurent le don de m'étonner encore plus que je n'étais déconcerté.

J'allais justement lui intimer de ne rien révéler à personne...elle semblait être quelqu'un d'extrêmement empathique et compréhensive.

Mon regard quitta sa main pour se replonger dans ses yeux.

Pour être dépossédé de toute assurance ou même de toutes pensées, on y était.

Je dis alors quelque chose que j'avais très peu voir jamais dit dans ma vie, sauf quand on m'ordonnait de le faire. Je la remercia, pour être d'un sens si compréhensive, pour ne rien dire sur ce qui s'est passé, pour ne pas me demander ce qui se passait.

- Merci, soufflais-je donc de ma voix qui avait arrêté de trembloter.

Je me sentais démuni, à nu, et me demandais comment diable elle avait pu me rendre aussi vulnérable en l'espace de quelques minutes. D'ordinaire, je ne me laissais pas approcher, j'evitais les autres élèves comme la peste, je restais dans l'ombre. Elle m'avait sorti de ces habitudes.

La vision y était pour quelque chose, mais elle était aussi productrice de ce phénomène.

Ce fut la première fois que je me sentis comme un être normal, un être pourvu d'un cœur, pourvu de ressentiment.

Je continua de la regarder dans les yeux, comme elle le faisait, avide de savoir comme elle s'y était pris.

Je continue de lui sourire gentiment. Je n'ai jamais été aussi proche de quelqu'un auparavant... On ne se connait pas vraiment, mais cela ne fait rien. J'étais déjà admirative de lui, et je le serais toujours je pense...

Je répondis simplement à son remerciement.

-C'est normal... Je ne suis pas de nature curieuse, et je me dis que l'on se ressemble un peu... Je n'aime pas que l'on soit trop curieux sur ma vie privée... j'ai donc pensé que cela devait être la même chose pour toi...

Je crois que je n'ai jamais autant parler lors d'une conversation.
Je continue de lui sourire, agenouillé devant Jonathan et ma main sur son épaule. Je décide de la retirer. Peut-être n'aime-t-il pas les contacts avec d'autres personnes...

Je fus quelque peu soulagé qu'elle retire sa main. Je n'aimais pas les contacts humains, n'étant pas doué pour ça, et gardant de mauvais souvenirs des contacts que j'avais eu avec mon paternel, étant enfant.

Je me releva doucement, la sensation d'engourdissement presque disparue, et aida Coraline à faire de même, en prenant sa main dans ma paume gelée, et en la tirant doucement afin de la relever.

- Tu as raison, je n'aime pas que l'on se mêle de ma vie privée...

Mon esprit tournait à plein régime pour déterminer si c'était le bon moment ou non pour lui dévoiler certaines choses.

Lorsque j'eus trouvé une solution, je replongea mon regard bleu-gris dans le sien.

Je lui faisais confiance, une des seules qui avait droit à ce "privilège". De plus, je n'avais jamais autant parlé, autant fait d'efforts pour être moins brutal, moins réservé, qu'avec elle.

- Cependant, j'ai décidé que tu avais le droit de connaître quelques choses sur moi, tu n'es pas une menace. Alors, pourquoi ne pas s'assoir un instant, je ne sais rien de toi comme tu ne sais rien de moi, ça serait un bon moyen pour apprendre à se connaître, surtout que maintenant nous allons ensemble au bal, qu'en dis tu ? Demandais-je, ma voix ayant à repris le ton de l'assurance et de la froideur si familière à mes yeux.

Si elle acceptait, les règles du jeu seraient telles : une info contre une autre. Obligation de répondre, mais droit à trois "jokers".

Ainsi, si elle devait en apprendre plus sur moi, plus que n'importe qui en saurait, j'en tirais profit en élargissant mon registre et mes savoirs sur mes condisciples. Il était toujours bon de savoir à qui l'on faisait face.

Je le regarde se lever et prend sa main qu'il me tend. Je me relève donc à mon tour et frotte ma jupe pour éviter toutes poussières qui n'avait rien à faire là.

Je relève la tête et plonge à nouveau mon regard dans le sien. Mon sourire a un peu diminuer, mais est toujours présent. La rose est toujours dans ma main.

Il me propose de parler pour en apprendre plus sur l'un et sur l'autre... pourquoi refuser une telle proposition...?

-Pourquoi pas...

Je continue de le regarder dans les yeux et m'assois doucement à terre, posant mon dos contre le mur. Je le regarde s'installer.
Je pose la rose à côté de moi et regarde Jonathan dans les yeux, continuant à sourire légèrement.

La satisfaction d'apprendre qu'elle acceptait de parler d'elle me subjugua.

Je m'assis en face d'elle, gardant mon hiboux tout près de moi.

Je décida de commencer après lui avoir expliqué les "règles".

- Pourquoi es-tu si timide ? Demandais-je d'une voix claire.

En effet je comprenais mal pourquoi être si taciturne et timide qu'elle l'était, probablement parce que je ne connaissais pas la raison qui la poussait à agir ainsi.

Je continuais d'examiner et analyser le moindre de ses faits et gestes, histoire de mémoriser ses mimiques, ses traits.

Il venait de poser la première question... bon... comment expliquer mon cas de timidité?

Je triture mes doigts, baissant légèrement la tête. Je la relève ensuite, pour plonger mon regards dans le sien, a nouveau.

-J'ai peur du jugement des autres. Je n'ose donc pas parler ou me mettre en avant... les autres ont appeler ça timidité... et puis... je... m'en fiche un peu au fond... Ils font se qu'ils veulent et je vis ma vie...

Je continue de le regarder dans les yeux, continuant de sourire. Je regarde ensuite, légèrement gênée de parler de cela... Je plonge ensuite, à nouveau, mon regard dans le sien.

J'aquiesce légèrement, comprenant ce qu'elle dit.

C'était la première fois que je m'intéressais réellement à quelqu'un, certes j'en apprenait également dans cette histoire, mais j'en avais réellement quelque chose à faire pour une fois.

Je répondis directement.

- Pourquoi ? Tu ne devrais pas avoir peur, comme tu dis, tu sais t'en ficher, alors tu devrais également savoir ne pas avoir peur. Tu as tout pour toi, il te manque juste de l'assurance pour surmonter cette timidité. Tu es même préfète, ce qui prouve que, permis tout les élèves, c'est toi qu'on a choisi, pour tes qualités, pour ce que tu sais faire, pour ton talent pour la magie, et pour ta responsabilisation. Je ne comprends pas pourquoi tu aurais peur, sachant que tu as déjà plus que ce que les autres n'auront jamais, autant en terme de fonction que d'atouts.

J'avais dit ça d'une traite, ne voulant pas être interrompu. En vain, j'avais malgré tout essayé de changer ce froid vocal en compassion, ou en empathie.

Mais qu'étaient la compassion et l'empathie, la tristesse, la douleur, la peur ou encore la joie ?

Je n'en avais aucune idée. C'était sans doute pour cela qu'il m'était difficile d'accentuer le ton de ma voix.

En attendant sa réponse, et également sa première question, je fis apparaître d'un léger coup de baguette, et d'un sortilège informulé - j'étais certes en sa présence, sorti cette fois de mes habitudes taciturnes, mais rien ne m'indiquait qu'il fallait que je me dévoile totalement et éternellement -, deux verres, une carafe de jus de citrouille, et quelques fondants du chaudron.

Je ne la quitta pas des yeux, même en servant la boisson dans nos deux verres.

Je le regarde légèrement surprise. Je ne pensais pas qu'il en saurait autant sur moi...
Je reprend ensuite mon visage normal, un petit sourire aux lèvres.

-Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai autant peur du regard des autres, mais je vis avec...

Je le regarde toujours dans les yeux, ayant tout de même aperçu le fait qu'il venait de nous servir deux verres de jus de citrouille. Je réfléchis en même temps à la question que je pourrais lui poser...

-Alors... hum... une question...pourquoi ce visage froid...? A moins que se soit personnel...et que tu ne veuilles pas me le dire... je comprendrais...

Je ris, légèrement gênée, continuant de le regarder dans les yeux, malgré tout.

Je lui tendis son verre et en même temps, avait fait apparaître du miam hiboux ; j'en pris une poignée et laissa l'animal manger dans la paume de ma main.

Sa question me semblait simple, mais générale, elle avait tapé juste.

Je chercha un moment à comment formuler une réponse.

- Toutes les questions que l'on va se poser sont personnelles de toutes façons, non ? D'ailleurs, pourquoi tu me poses cette question en particulier ?

J'attrapa mon propre verre de jus de citrouille et y versa une fiole de liquide bleuté que je venais de sortir de ma sacoche.

C'était une sorte de révélateur de poison. Si le liquide en était porteur, il virait au blanc, sinon, il restait de sa couleur originelle. C'était Silas, mon géniteur, qui m'avait enseigné comment faire cette mixture, une fois qu'il fut certain que plus jamais je ne boirais quelque chose sans vérifier son "innocence".

Ça relevait peut-être un peu, même beaucoup, de la paranoïa, puisque c'était moi même qui avait fait apparaître cette boisson, mais j'étais tellement méfiant que je m'étais dit que quelqu'un aux intentions malfaisantes aurait très bien pu se rendre invisible et verser quelque chose dans mon verre.

Le liquide resta orangé.

J'avais profité de ces quelques secondes pour réfléchir à ma réponse.

- Et bien c'est assez complexe..mais si tu veux, c'est le visage que l'on m'a toujours forcé à avoir, la seule chose que l'on m'ait apprise, la seule chose que je peux ressentir... dis-je, cette fois ayant retrouvé le ton distant et bien froid, voir même un peu sec que j'arborais toujours.

Je soulignais par là que je n'arrivais pas à ressentir d'autres choses que ce froid morbide et macabre qui me remplissait.

Ma réponse entraînait, je m'en doutais, d'autres questions ou des commentaires, que j'attendais patiemment qu'elle me pose ou dises.

Je continue de le regarder dans les yeux. J'écoute sa réponse, qui, en fait, n'en est pas vraiment une...

-Lorsque je te croisais, que se soit en cours, dans les couloirs ou dans la salle commune, je voyais ton visage froid... au fond de moi, je me suis toujours demander pourquoi...

Elle regarde se qu'il fait et regarde ensuite le paysage. Elle écoute sa réponse et le regarde à nouveau dans les yeux.

-On t'a forcé à avoir ce visage...? C'est étrange, mais avec les familles de sang pur, plus rien ne m'étonnes... Après... je ne suis pas curieuse donc... je ne sais pas trop quoi te poser comme question...

Elle baisse les yeux, un peu honteuse de ne pas savoir quoi demander. Elle boit un peu de son verre et jette un œil dehors. Le ciel était magnifique et les étoiles commençaient à briller de plus en plus. Un léger sourire apparaît sur mon visage, les yeux pétillants devant le magnifique spectacle qu'offre le ciel.

J'avais fait exprès de faire une réponse vague. Je voulais lui fournir des explications, mais garder quelques secrets en même temps.

- Ma mère n'était pas de sang pur, et pourtant...Dis-je en laissant volontairement cette phrase en suspension.

- Ça ne fait rien, c'est très bien de ne pas être trop curieuse. La curiosité est un vilain défaut, qui bien souvent engendre des problèmes.

Je vis qu'elle regardait le ciel avait une certaine admiration.

C'est vrai qu'il était assez beau ce soir, les étoiles s'étendant sur la voûte dont le bleu s'assombrissait de plus en plus.

Je ne rajouta rien, ne voulant pas la couper dans sa contemplation.

Après tout, nous aurions le temps de faire connaissance un peu plus tard.

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